Article n°8 : Isolation, ventilation et protections solaires : Le trio gagnant pour bien vivre sous les toits en zinc
Alors que 42 % des logements parisiens sont classés F ou G, la surchauffe estivale devient un vrai enjeu sous les toits. Pour mieux comprendre et agir, VM Building Solutions a mené une simulation thermique sur deux appartements haussmanniens typiques. L’objectif : identifier les leviers efficaces pour améliorer le confort d’été sous une toiture en zinc… et remettre en question certaines idées reçues.

42 % des logements parisiens sont aujourd’hui classés F ou G, selon les DPE réalisés après juillet 2021 (1). En clair, de vraies passoires thermiques, transformées en étuves dès les premières chaleurs ! Pour comprendre ce phénomène et surtout identifier des leviers d’action concrets pour optimiser la température intérieure lorsqu’on habite sous des toits en zinc, VM Building Solutions a confié au cabinet Payet Construction la mission de réaliser une simulation thermique dynamique (STD)(2). Cette étude s’appuie sur deux cas types : un appartement non traversant (studio ou T2) et un appartement traversant de type T3, tous deux situés au dernier étage (R+4) d’un immeuble haussmannien du 8ᵉ arrondissement de Paris. Objectif : analyser leur comportement thermique sous toiture zinc et proposer les meilleures solutions pour améliorer le confort d’été. Résultat : des chiffres précis, des pistes concrètes… et quelques idées reçues à revoir.
Isolation : la variable la plus décisive
Parmi tous les leviers possibles, c’est l’isolation de la toiture qui joue le rôle majeur. Quand le zinc est posé directement sur la charpente, sans isolant, les températures maximales explosent : plus de 800 heures par an au-dessus de 26 °C et plus de 200 heures au-delà de 28 °C. Autant dire que le confort d’été devient difficilement atteignable. A contrario, une isolation de 160 à 200 mm permet de limiter la température maximale à 29°C au plus fort de l’été. Surtout, les heures de surchauffe chutent drastiquement : -70 % pour les dépassements de 28 °C, -20 % pour ceux de 26 °C. L’effet bouclier est net, mesurable et redoutablement efficace. Mais attention : au-delà d’un certain seuil, les performances se stabilisent. Une sur-isolation n’apporte donc pas de gain supplémentaire. L’enjeu est donc moins d’isoler plus, mais d’isoler mieux.
Ventiler, oui, mais au bon moment
Autre variable essentielle : la ventilation naturelle. Bien utilisée, elle agit comme un rafraîchissement nocturne efficace. Ouvrir les fenêtres aux heures les plus fraîches (tôt le matin ou la nuit) permet d’évacuer la chaleur stockée dans les parois et à l’intérieur du bâtiment et d’abaisser la température ressentie. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : jusqu’à 60 % de réduction du temps passé dans une température supérieure à 26 °C, et jusqu’à 34 % au-delà de 28 °C. A contrario, lorsque les fenêtres sont ouvertes en journée, même pour créer un courant d’air dans un logement traversant, les températures montent, pouvant alors atteindre 29,7°C. À noter que la simulation ne prend pas en compte le confort lié au mouvement d’air, pourtant très perceptible dans la réalité. Dans les logements traversants, les courants d’air créent un effet de fraîcheur immédiat. La ventilation se révèle donc plus efficace encore qu’elle ne le semble sur le papier.
Zinc, tuile, ardoise : le matériau compte, mais moins que l’isolant
Le type de couverture joue un rôle, certes, mais nettement moindre que celui de l’isolation. Un zinc de teinte claire, comme un zinc laqué blanc, réfléchit mieux la chaleur qu’un revêtement sombre et contribue à limiter les pics. Il en est de même pour tous les autres matériaux des toitures parisiennes. En réalité, l’efficacité de la couverture dépend directement de la qualité de ce qu’elle recouvre. Autrement dit : plus votre toiture est bien isolée, plus les ouvertures sont utilisées au bon moment et disposent de protection solaire, moins la couleur ou le matériau de surface auront d’impact sur le confort d’été.
L’isolation joue un rôle déterminant dans l’amélioration du confort d’été sous les toits. On passe ainsi de 259 heures d’inconfort thermique (> 28 °C) sans isolation à 38 heures avec une toiture en zinc isolée, soit une réduction de plus de 85 %. Cette réduction atteint 86 % avec une toiture en tuile et jusqu’à 89 % avec un zinc blanc réfléchissant.
Ces résultats montrent clairement que l’isolation est le levier principal pour limiter la surchauffe estivale. Une fois mise en place, le choix du matériau de couverture n’a qu’un impact marginal, avec un écart maximal de 4 % entre les différentes variantes isolées. Cela relativise l’importance du matériau seul lorsqu’il n’est pas associé à une stratégie d’isolation performante.
Ainsi, un zinc naturel, correctement mis en œuvre avec une isolation adaptée, constitue un excellent compromis entre performance thermique et qualité architecturale.
Les protections solaires pour limiter l’effet de serre. (3)
Stores, volets, brise-soleil… Leur efficacité est déjà prouvée par de nombreuses études et ne doit pas être négligée pour limiter la surchauffe estivale. Pourtant, dans le cadre de cette étude, leur impact apparaît limité. En cause : des ouvertures vitrées de petite taille, représentant seulement 9 % de la surface de plancher (SDP) pour les logements mono-orientés et 6 % pour le logement traversant. Par ailleurs, ces fenêtres sont encastrées dans des lucarnes de type « chien-assis », générant des effets d’ombrage naturels qui limitent fortement les apports solaires directs. Dans ce contexte spécifique, même les protections extérieures, pourtant considérées comme les plus performantes, n’apportent qu’un gain modéré par rapport à des dispositifs déjà efficaces installés en intérieur. Elles ne sauraient, à elles seules, compenser une isolation défaillante. Un constat qui ne remet toutefois pas en cause l’intérêt de ces équipements dans des configurations plus exposées. Sur des fenêtres de toit ou des ouvertures orientées plein sud ou ouest, par exemple, leur rôle devient central dans la maîtrise du confort d’été. Saint-Gobain le rappelle d’ailleurs à juste titre (4): « L’excès de chaleur dans la maison vient le plus souvent du rayonnement solaire, plus fort en été. Pour vous donner une idée de la puissance de ce rayonnement, une simple fenêtre exposée au soleil peut apporter autant de chaleur qu’un petit radiateur allumé 4 à 5 heures par jour ! Les premiers gestes à adopter en cas de canicule consistent donc à vous protéger du soleil au sein de votre logement. »
Ainsi, l’isolation fait la loi, la ventilation donne le tempo, Les volets assurent la protection et le zinc joue pleinement son rôle… à condition d’être mis en œuvre dans une stratégie globale. Mais attention : même un logement bien rénové peut voir ses températures s’envoler si aucun geste n’est fait en période chaude. L’étude montre qu’un logement isolé, mais dont les fenêtres restent closes, peut voir sa température maximale grimper de 1,7 °C et le nombre d’heures à plus de 28 °C bondir de plus de 200 %. Autrement dit, les bâtiments d’aujourd’hui ne sont pas encore prêts pour le climat de demain. La suite ? Une phase 2 de l’étude est d’ores et déjà envisagée, afin d’approfondir les simulations : zinc encrassé, ajout de fenêtres de toit, analyse thermique des niveaux inférieurs… Autant de pistes à explorer pour que le zinc, symbole des toits parisiens, conjugue encore longtemps esthétique patrimoniale, modernité… et confort, même sous 35 °C.
Sources :
(2)- Capitan-Fernandez, L., & Delmas, T. (2025). Simulation thermique dynamique – Étude du comportement thermique du dernier étage d’un bâtiment haussmannien à Paris (Version 3). Payet | Construction durable.
(3)- Sénat / Rapports sur performance énergétique - Le Sénat rappelle qu’il faut tirer profit du soleil en hiver mais s’en protéger en été, en particulier via l’orientation des baies vitrées et l’usage de protections adaptées - La performance énergétique des bâtiments - 2009
Le confort d’été dans les bâtiments / CSTB - ICARE : un projet conduit par le CSTB et EDF R&D
ADEME / Sélection d’un guide professionnel de l’ADEME indiquant que les protections solaires (extérieures ou intérieures) permettent d’améliorer significativement le confort thermique et visuel en limitant le rayonnement direct